Saviez-vous que 40 à 60 % des chevaux de sport et de loisirs souffrent d’ulcères gastriques ?
Ces troubles digestifs sont fréquents… mais pourtant encore trop souvent sous-diagnostiqués.
Certains signes sont bien connus – comme les bâillements, la perte d’état ou l’agitation au sanglage – mais ils ne sont pas systématiquement présents chez les chevaux atteints. Ce décalage entre les signes attendus et la réalité clinique contribue à retarder la détection et la prise en charge de ces affections.
Pathologies gastriques chez le cheval : ce qu’il faut savoir
Chez le cheval, les ulcères gastriques sont la pathologie de l’estomac la plus couramment observée. Il s’agit de lésions de la muqueuse gastrique, causées par un déséquilibre entre les mécanismes de protection de cette paroi et les agressions acides. Ces ulcères peuvent toucher différentes zones de l’estomac, avec des causes et des traitements qui varient selon leur localisation.
Ils sont bien connus pour provoquer de la douleur, de l’inconfort, une baisse d’appétit, et parfois des troubles du comportement ou une diminution des performances.
Les impactions gastriques, quant à elles, sont plus rares, mais tout aussi préoccupantes. Elles correspondent à une accumulation de matière (souvent de la nourriture non digérée) qui stagne dans l’estomac, entraînant un ralentissement du transit. Elles peuvent être source d’inconfort, voire de douleurs vives pouvant aller jusqu’à provoquer des coliques.
Pourtant, les signes classiquement évoqués pour identifier ces pathologies ne sont pas toujours aussi clairs ni aussi fréquents qu’on pourrait le croire. De nombreux chevaux restent silencieux… ou s’expriment autrement.
Une intuition clinique transformée en étude scientifique
C’est justement en partant de ce constat que deux vétérinaires spécialisées en comportement équin, exerçant dans un hôpital vétérinaire, ont décidé de mener l’enquête
Sur le terrain, elles observaient régulièrement des chevaux présentant des comportements qui leur semblaient récurrents chez les patients souffrant de troubles gastriques. Rien de spectaculaire : des petits gestes, des réactions subtiles… mais suffisamment caractéristiques pour qu’elles se demandent si ces comportements n’étaient pas les signes silencieux d’un mal-être digestif.
Pour vérifier leur intuition, elles ont mené une étude rigoureuse. En analysant des vidéos de surveillance de chevaux hospitalisés sur une période de 24 heures qu’elles ont systématiquement comparé aux examens diagnostiques de pathologies gastriques réalisés.
Leur travail a permis de mettre en évidence une véritable signature comportementale, partagée par une large majorité de chevaux atteints de pathologies gastriques
Apprendre à mieux observer
Et si nous apprenions à poser un autre regard sur ces comportements que nous pensions connaître ?
Cette étude interroge nos habitudes d’interprétation : certaines attitudes et habitudes peuvent être en réalité l’expression silencieuse d’une douleur digestive.
Cela invite à revoir nos certitudes, à suspendre notre jugement, et à élargir notre grille de lecture pour mieux accompagner nos chevaux.
Découvrez dans notre épisode de podcast EquiSchool, les résultats en détail de cette étude… et comment affiner vos observations pour mieux détecter l’inconfort gastrique.
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Cassandre Emrot,
Vétérinaire équin.
Bibliographie :
- Banse, H.E.; Paul, L.J. Review of equine glandular gastric disease. Equine Vet. Educ. 2024, 36, 555–560.
- Torcivia, C.; McDonnell, S.M. Behavioral Signature of Equine Gastric Discomfort? Preliminary Retrospective Clinical Observations. Animals 2025, 15, 88.
- Vokes, J.; Lovett, A.; Sykes, B. Equine gastric ulcer syndrome: An update on current knowledge. Animals 2023, 13, 1261.